ORSTOM
1986
En décembre 1985, je prends la responsabilité de l'informatique scientifique à l'Orstom. Cet acronyme vient de « Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer ». L'organisme vient d'être renommé « Institut de Recherche pour le développement en coopération » mais gardera son acronyme jusqu'en 2000 et sera alors rebaptisé IRD pour « Institut de Recherche pour le développement ».
Septembre 1986 : le schéma directeur de l'informatique de l'Orstom est publié en interne. Un des éléments centraux de ce schéma directeur est la construction d'un réseau mondial basé sur la technologie TCP-IP. Ce réseau va s'appelé RIO (Réseau informatique de l'Orstom), son déploiement commence en 1986.
RIO
1991
En 1991, le projet rencontre ses premiers succès, en interne d'abord avec la publication d'un dossier dans le n°34 de Orstom-actualité, revue de vulgarisation publié par l'établissement. Puis je présente avec Monique Michaux, ingénieure au Centre Orstom de Montpellier et responsable technique du réseau, une première communication au colloque international AFRICOM CCDC91 à Tunis en mai 1991,
Le projet est ensuite sélectionné au « concours du Manager télécom » organisé par le groupe Sup-Télécom Paris. Le dossier présenté recevra le 2ème prix ex aequo avec le réseau des autoroutes Rhin-Rhône, le 1er prix étant décerné à l'Agence France Presse.
Toujours en 1991, Le réseau RIO de l'Orstom est sollicité pour organiser la diffusion en Afrique des documents préparatoires au Sommet de Rio de Janeiro qui se tiendra l'année suivante. C'est la première fois que le courrier électronique est utilisé dans le cadre d'un sommet des Nations Unies. C'est Carlos Afonso, alors directeur de l'ONG brésilienne Alternex qui est chargé de sa mise en oeuvre par Maurice Strong, président de la Conférence. À l'Orstom, cette opération portera le nom de Rio à Rio
1992
En août 1992 le projet RIO est présenté à la seconde conférence INET (Internetworking) qui se tient à Kobe au Japon. Il est présenté ensuite en octobre de la même année à Yaoundé (Cameroun) dans le cadre du Colloque africain de recherche en informatique organisé par l'INRIA.
1993
La revue TERMINAL me demande un article qui fait le point sur les réseaux informatique en Afrique. Il est publié dans le n°61 (automne 1993). Ce texte, complété des usages des réseaux notamment pour l'information géographique est présenté au colloque Africa-GIS qui se tient à Tunis en septembre 1993 et porte sur les systèmes d'information géographiques.
En décembre 1993, je présente à la direction générale de l'Orstom un projet d'extension du réseau à toute l'Afrique francophone. Ce texte explique ce qu'est Internet (l'acronyme qui signifie simplement inter-networking n'est pas encore connu). Il propose des éléments stratégiques et un budget. Ce projet ne sera pas retenu.
C'est à partir de ce moment que j'envisage de quitter l'Orstom et de travailler dans un contexte multinational. Cette année 1993 est celle du décollage de l'internet universitaire. Il se fera sous l’égide américaine. Pourtant à ce moment là, les Français sont en avance. Le réseau de Minitel réuni plus d'utilisateurs que tous les autres réseaux mondiaux réunis et l'INRIA dispose de nombreuses compétences, notamment avec le projet Cyclade dirigé par Louis Pouzin...
La National Science Fondation lance son réseau NFSnet qui constituera le socle de l'Internet que nous connaissons. À peu près au même moment le World Wide Web est inventé au CERN à Genève par l'équipe de Team Berners Lee.
1994
Nous éditons une présentation du projet à destination de nos partenaires : Association des universités partiellement ou entièrement de langue française (AUPELF), Centre international de recherche agronomique pour le développement (CIRAD), Ministère de la coopération...
1994, L'Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) me propose de faire un guide de l'internet en Afrique qui réunira des informations techniques et les coordonnées des premiers fournisseurs d'accès.
Avec mon ami et collègue Pierre Gazin (chercheur et expert en santé publique et maladies tropicales), nous rédigeons un articles sur l'usage de l'internet pour les structures de santé africaines (A telematic tool for public health in french-speaking Africa).
1995
En Avril 1995, avec Christophe Nuttall de l'UNITAR, nous lançons le programme « Internet en Afrique » à l'occasion de la Conférence « African Regional Symposium on telematics for development » qui s'est tenue à Addis Abeba, du 2 au 6 April 1995 à l'initiative de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (UNECA), de l'Union internationale des télécommunication (UIT) et de l'UNESCO.
Le 22 juin 1995, l'Orstom invite la presse à une conférence-débat sur le thème « l’internet au sud, un atout de la recherche pour le developpement ? » à laquelle assistent plusieurs journalistes et notamment un correspondant du Herald Tribune qui fera un long article.
En juillet 1995, nous participons aux Assises francophones de la recherche organisées à Cotonou (Bénin) par l'AUPELF dans le cadre de la préparation du sommet des chefs d’Etats francophones de décembre 1995.
Le rapport d'activité de l'Orstom en 1995 (pages 30-31) fait une place importante à la Mission technique informatique que je dirige depuis sa création en 1987.
Des publications qui font référence au projet RIO :
Rogers, J. The internet: Emerging technologies in two west african countries. ETR&D 46, 103–109 (1998). https://doi.org/10.1007/BF02299766
UNITAR
En septembre 1995, je quitte l'Orstom (en détachement) pour rejoindre l'UNTAR à Genève et mettre en œuvre le programme Internet en Afrique en collaboration avec Christophe Nuttall.
1995 est un tournant dans le monde des télécommunications. Les monopoles de télécommunication ont presque partout disparus en deux ans. Jusque là, il n'était pas possible d'ouvrir un services de télécommunication sans l'agrément des opérateurs nationaux, France-télécom en France British Telecom en Grande Bretagne, etc. Les réseaux d'ordinateurs n'étaient autorisés que pour relier les ordinateurs d'un même établissement, par exemple une banque ou une compagnie aérienne. Mais il n'était pas possible de faire circuler du « trafic tiers ». Le réseau Minitel était sous la tutelle de France Télécom... Une « tolérance » avait été toutefois concédée au secteur éducation-recherche.
L'internet grand public commence en 1995. Cet acronyme suscite de nombreuses interrogations et remue les sphères politiques et économiques. La bulle Internet gonfle déjà. Elle éclatera en 2000.
1996
Le Monde diplomatique me demande un article sur Internet au Sud qui sera publié en février. Je le rédige avec mon ami Asdrad Torres qui est la fois journaliste et informaticien, nous avons préparé en même temps un doctorat au Laboratoire de recherche en reconnaissance des formes et intelligence artificielle (LAFORIA) de l'Université Pierre et Marie Curie.
A la suite de cet article, je suis invité avec l'équipe du Monde Diplomatique à parler d'internet au Sud à Imagina, conférence internationale organisée à Monaco par l'Institut national de l'audio-visuel.
En mars, je participe à l'Atelier national du Burkina-Faso sur l’Internet et les autoroutes de l’information. En mai de cette même année, les européens organisent un G7 élargi sur les autoroute de l'information à Midrand, près de Pretoria en Afrique du Sud. Nous présentons le réseau RIO sur le stand de la France et j'interviens dans une table-ronde présidée par Edith Cresson, Haut commissaire à la recherche.
En novembre, la revue du Monde Diplomatique "Manière de voir" publie « Vers la désertification technologique du Sud ? ».
A suivre...